Notre journaliste s’est glissée dans un stage d’autodéfense féministe proposé par l’asso Paroles de femme à Gaillac. Retour d’expérience.
Comment reconnaître et prévenir une situation d’agression ? Comment réagir efficacement, savoir se protéger et éviter la violence ? Nous sommes allées tester un stage d’autodéfense féministe animé par Clémence de l’association gaillacoise Paroles de femme. Deux participantes sont venues avec leur ado. Utile de transmettre les bons réflexes à avoir en mauvaise situation… On vous les transmet à notre tour.
Petites et grands moyens pour se sentir plus fortes
« Quand on pose la question à une assemblée de femmes, rares sont celles qui n’ont pas connu une situation d’agression (verbale, physique ou sexuelle) plus ou moins grave, au travail, dans l’espace public ou privé », observe Irène Zeilinger, sociologue et formatrice d’autodéfense pour femmes, auteure du livre « Non, c’est non ». En quoi consiste l’autodéfense féministe ? Cela n’a rien à voir avec un cours de karaté ! La partie défense physique n’est abordée qu’à la fin. Il s’agit surtout de transmettre aux participantes les moyens pour se sentir plus sûres de soi, plus aptes à se protéger et à se défendre dans toutes les situations de la vie quotidienne, au niveau mental, émotionnel et verbal. Savoir être ancré, développer son cri, maitriser son regard et utiliser les mots : ce sont les réflexes à actionner (si l’on peut) avant ou en complément de la force physique.
Travailler son ancrage et sa respiration
L’animatrice insiste d’abord sur l’importance de l’ancrage : deux pieds au sol, le bassin rétroversé, on est solide sur nos appuis. Pour assurer un cri puissant, il faut penser à optimiser l’entrée d’air, en emplissant son ventre par une grande inspiration. « L’accélération de la respiration permet de mieux faire circuler l’adrénaline, ce qui permet d’être jusqu’à sept fois plus forte », précise-t-elle.
Regarder le 3ème œil
Le langage non verbal est également important. « Parfois mon corps dit autre chose que mon émotion, prévient Clémence. Donc il faut apprendre à garder un visage neutre, sans sourire et si besoin regarder l’autre entre les deux yeux, une méthode plus simple pour ne pas avoir à soutenir le regard de l’autre. »
Une situation de stress démarre souvent par une phase de sidération. Mais il y a plusieurs façons de réagir. Par la déstabilisation : on peut faire « n’importe quoi », agir comme une folle, faire le dindon… Par la protection : on peut s’aider en visualisant une bulle autour de soi, un bouclier pour que les mots rebondissent. Pour s’extirper de la colère de quelqu’un (« ça ne m’appartient pas »), on peut se protéger en fermant les yeux. Car absorber la colère de l’autre fragilise, enlève de la force. Coup double : en général, ça perturbe la personne…
Comment réagir verbalement
Pour parler sans énerver l’agresseur, on peut utiliser la stratégie des trois phrases :
- Nommer la situation sans jugement : « tu as mis la main sur moi », « tu conduis trop vite »…
- Dire ce que ça me fait, l’émotion provoquée : « ca me gêne », « ça me fait peur »…
- Donner un ordre : « enlève ta main », « va moins vite »
On peut aussi utiliser la stratégie du disque rayé : on redit sa phrase plusieurs fois, on campe sur sa position, ou on dit juste NON. On peut aussi changer de sujet, dire une citation complètement à coté de la plaque , répondre par onomatopée « tiens tiens, ah bon… », crier au feu… Interpeler quelqu’un précisément (vous, avec le pull bleu….). En tout cas, ne pas répondre aux appâts, car c’est ça que l’autre attend… Ces quelques principes énoncés ne suffiront évidemment pas, on vous incite à faire des stages, écouter, pratiquer, ou lire le livre d’Irène Zeilinger. Et on vous souhaite, surtout, de ne pas avoir à vous en servir…
Non, c’est non » d’Irène Zeilinger
Souvent nous ne savons pas comment réagir, comment dire non, et comment faire comprendre que, lorsque nous disons non, c’est non. C’est pour aider les femmes qu’Irène Zeilinger, sociologue et formatrice d’autodéfense pour femmes, a écrit le livre « Non, c’est non ». Ce guide pratique propose une série d’astuces simples et faciles pour poser efficacement ses limites et se sortir de situations difficiles : identifier le type d’agression et la psychologie de l’agresseur, utiliser et gérer ses émotions, prévenir la violence par la défense verbale et la désescalade du conflit, mobiliser des tactiques de diversion et de fuite, faire jouer la solidarité, savoir où frapper pour faire mal…
Ressources locales
Asso Paroles de femmes, Gaillac (72 avenue St-Exupéry) / Tel : 09.51.87.31.70 & permanences à Carmaux, Vaour, Les Cabannes, Revel et Puylaurens
Asso Faire face, Toulouse
