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Des artistes ont accompagné des seniors à la création d’un spectacle “Les musiques de nos vies”. Pas le résultat d’une activité ou d’une animation, mais un projet artistique à part entière. Nous étions à la représentation de celui de La Mazière, à Cordes.

“Vous les connaissez ces chansons ? Ah ! Vous allez chanter alors !” . Ouverts à tous, les spectacles “Les musiques de nos vies” sont un véritable moment de partage et un mélange des générations.

Des airs, des souvenirs et beaucoup d’émotions

Les résidents de l’Ehpad La Mazière étaient sur leur 31 en ce mercredi ensoleillé du 29 mars, au Théâtre Le Colombier, à Cordes sur Ciel. “Je suis Yvette, aveyronnaise de naissance, et je vais vous raconter une chanson qui à elle seule résume ma vie”, explique l’“artiste d’un jour” alors que retentit derrière elle “Les vendanges de l’amour”. “Ce sont dans ces mêmes vendanges que j’ai rencontré mon mari”, sourit-elle, malicieuse.

La salle du théâtre est comble, accompagnateurs, familles de résidents, bénévoles, curieux, adultes, enfants… tous sont là pour voir les aînés se produire sur scène.  Pendant près d’une heure nous sommes passés du rire aux larmes, entraînés par la folle complainte des ces airs anciens qui ont bercés bien des vies. “ Je m’appelle Colette, alias Mme Juke Box, parce que je connais toutes les chansons par coeur ! La musique a toujours été avec moi autant sur le stand que j’ai tenu toute ma vie que dans le transistor à la maison !” De la comptine apprise en maternelle (“Les pouces en avant ! Les coudes en arrière… et Tic et tac !”) à Johnny Hallyday, en passant par Tino Rossi, Nana Mouskouri ou Elvis Presley, ce sont des pans de vie entiers que Liane, Annie, Michel, Jacqueline ou Jean ont partagé avec nous.

Une aventure humaine

« Je ne peux vous dire aujourd’hui à quel point je suis fier d’être directeur d’Ehpad, de cet établissement en particulier » Guillaume Marzocchi est envahi d’émotions à la fin de la représentation. “Ce spectacle et toute sa préparation permettent de prouver à tous qu’on peut encore créer de nouveaux souvenirs, même en Ehpad, et qu’avec de la volonté, tout est possible !” nous confie-t-il. “Cela permet aussi de voir les personnes âgées différemment, avec leurs traits de personnalité propres… c’est notre marque de fabrique ici”. En effet, l’Ehpad La Mazière est engagée depuis 2015 dans la « Philosophie de soins de l’Humanitude », en faveur du “vivre et mourir debout”.  Marie Constant, musicienne professionnelle qui a accompagné les résidents en binôme avec le metteur en scène Julian Peres, ne cache pas non plus son enthousiasme : “Pour tout dire, j’avais quand même quelques à priori à travailler en Ehpad, mais j’ai découvert des choses humainement très fortes. Ça a été hyper émouvant de voir des gens assez repliés s’ouvrir au fur et à mesure des séances. Ils nous ont fait confiance, ils ont accepté de se livrer, de partager des morceaux de leur vie autour de la musique, et tout est parti d’eux ! Ils étaient à fond” (rires). Côté résidents, le ressenti est le même. “On a été très bien dirigés par les jeunes, ils nous ont appris à être sur scène et tous ensemble, on a pris du plaisir ! On avait un peu le trac, mais on est très heureuses que le public ait aimé, les spectateurs ont trouvé ça très beau et émouvant, quelle fierté !” soufflent Jacqueline et Henriette, en profitant du goûter offert en sortant du spectacle.

Un projet culturel porté par l’Adda et l’Udepa du Tarn

Le projet “Les musiques de nos vies” est au départ l’histoire d’une rencontre, celle de Thierry Morlet, directeur de l’Association Départementale pour le Développement des Arts (Adda) et de Véronique Bugeat,  Présidente de l’ Union Départementale des EHPAD (Udepa) du Tarn. “Nous avions déjà travaillé sur un projet expérimental de théâtre il y a quelques années, mais nous avons eu envie de quelque chose de plus ambitieux dans une démarche qualitative et artistique”, confie Thierry Morlet. “”Les musiques de nos vies” touchent tout le département, soit cinq Ehpad (lire plus bas), et étant donné le succès de cette expérience depuis deux ans, on sait qu’il est amené à durer”, se réjouit-il. Concrètement, l’Adda constitue un binôme d’artistes (souvent un.e musicien.ne et un.e metteur.euse en scène) en association avec le collectif  Tradethik Production, qui travaille sur 11 séances avec les résidents volontaires pour collecter des histoires de vies autour de la musique et monter un spectacle. “ Tout l’intérêt de travailler avec des artistes professionnels réside dans le fait que nous ne sommes pas dans de l’activité ou de l’animation, mais dans un projet artistique à part entière,” confirme Véronique Bugeat. “Notre volonté est d’introduire une véritable dimension culturelle dans nos établissements. D’ailleurs, c’est très touchant de voir qu’en fonction de chaque territoire, selon si le contexte est urbain ou rural par exemple, les créations artistiques sont très différentes”, détaille-t-elle. “Il est très important que l’accès à la musique et aux arts prennent la dimension la plus large possible, et de faire valoir ce droit fondamental à tous les âges. Cela est essentiel en termes d’humanité”, conclut Thierry Morlet.

Reportage Naomi Vincent

Sessions 2022/2023

Ca s’est passé à Petite Plaisance à Salvagnac, Les Charmilles à Lescure d’Albigeois, Les Grands Chênes à Saïx, La Mazière à Cordes-sur-ciel et Résidence chez nous à St-Sulpice… Retour en images.