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Après la marche en montagne et le bouclage de Chouette, Anouk a voulu démarrer la rentrée avec un nouveau défi en lien avec la terre : faire les vendanges ! On n’a pas résisté à lui demander de nous faire partager son expérience…

A travers les feuilles et les grappes coupées, on discute, on plaisante, on apprend à se connaître. Les vendangeurs ont des parcours très différents. Pour les plus jeunes, ce petit boulot sert à vivre, à financer un projet, un voyage. Pour les travailleurs du secteur agricole, c’est une période incontournable dans l’année. Les retraités y voient un complément de revenu à leur pension. Pour moi, c’est un défi et l’envie de découvrir une des facettes d’un métier lié à la terre…

Coup d’envoi donné le 24 août

S’il y a un mot que je retiens, c’est le mot …« seau ! » On l’entend un paquet de fois dans la journée d’un vendangeur…Au domaine Gayrard, pour s’occuper des 30 hectares de vignes, le coup d’envoi de la récolte des raisins a été donné le 24 août. Je suis arrivée chez eux sans expérience en la matière mais avec l’envie de faire, faire un travail relié à la terre, en extérieur.

Vendanger n’est pas de tout repos. Il faut se lever tôt, résister à la chaleur ou travailler sous la pluie. Chacun y va de son équipement pour affronter les éléments : un grand chapeau et de la crème solaire quand ça tape, ou bien un K-way et des bottes pour la gadoue. Le corps est mis à l’épreuve : pour attraper les grappes, on se courbe ou on s’accroupit. Douleurs au dos et aux cuisses garanties !

L’accident le plus risqué c’est de se couper les doigts avec son sécateur. La vigilance est donc de mise.

Du labeur, mais récompensé…

Mais malgré tous ces aspects, l’expérience en vaut la peine. Travailler au grand air avec vue sur la campagne, ça n’a pas de prix. Coup de cœur pour les paysages du petit matin… Et une fois la journée terminée, la baignade dans l’étang du domaine ou la sieste bien méritée, on les savoure !

Et que dire des rencontres faites au milieu des vignes. La convivialité fait partie intégrante des vendanges ! Et pour cela, rien de mieux qu’un apéro offert par les vignerons pour goûter les vins du domaine. Une façon de retrouver les cépages que j’ai coupés les jours précédents : Mauzac, Loin de l’oeil, Braucol, Syrah,…

Il me reste encore deux semaines de travail au domaine. Mais je sais déjà que cette expérience restera ancrée en moi. Et qui sait, peut-être y reviendrais-je l’an prochain…

Anouk Passelac

4 questions à Laure Gayrard

Vous êtes l’un des domaines du Gaillacois à vendanger le premier, pourquoi ?

On est plus haut en altitude, donc historiquement on avait tendance à vendanger les derniers car il fait plus frais chez nous. Mais ces dernières années on vendange plus tôt. Il y a deux raisons à cela. La première est liée à la topographie : on est sur le plateau cordais, où la roche calcaire est plus sujette au stress hydrique que les zones où il y a plus de fond. L’autre raison est liée à notre stratégie, à ce qu’on souhaite produire : on a décidé de donner la priorité à de bonnes acidités. Quand on est vigneron on cherche le bon équilibre entre degré d’alcool, sucre et acidité. Cette année, les maturités ont été bloquées par la sécheresse, par contre l’acidité était déjà au niveau souhaité. Donc a pris le parti de vendanger tôt pour garder de la fraîcheur.

Comment s’est passée cette année ?

On a eu une gelée printanière mais précoce, les bourgeons étaient peu sortis. Donc par chance, elle ne nous a pas tellement impactés. A quelques jours près, on aurait pu perdre la récolte. On a davantage été touchés par le mildiou. Juin et juillet ont été assez humides et plutôt chauds, ce qui est favorable au développement de ce champignon qui sèche le raisin. On estime à 20 % nos pertes dues au mildiou. Notre chance, c’est qu’on travaille avec plusieurs cépages, dont certains sont plus résistants que d’autres ce qui nous permet de récolter quand même. Le vignoble a aussi subi 10 jours de grosses chaleurs et la canicule. La nappe phréatique ne s’était pas refaite complètement, donc le stress hydrique est arrivé plus vite. Les maturités des raisins se sont bloquées, ce qui entraîne des pertes en volume. Difficile à évaluer pour le moment. Globalement on devrait avoir perdu 30 % par rapport à une année normale.

Comment identifiez-vous le bon moment pour vendanger ? 

On fait des contrôles de maturité tous les soirs et on décide la veille pour le lendemain quelle parcelle on va vendanger. A un jour près, l’acidité d’un raisin peut basculer ou voir ses degrés s’envoler. Il faut donc trouver le jour juste pour récolter et ce n’est pas évident !

Comment s’annonce ce millésime ?

Ce ne sera pas un millésime de volume mais tout ce qu’on a rentré depuis 8 jours est très joli. On est très content de la qualité de ce qui sort. Pour le moment on a fait essentiellement les blancs et les rouges pour la base de vins mousseux. Les rouges ont encore besoin de temps, donc pour eux, rien n’est joué. Cela dépendra aussi du climat des prochains jours.

Bio depuis 2016, biodynamie depuis 2019

Le domaine Gayrard s’étend sur une trentaine d’hectares entre Milhavet et Cestayroles. Les vignes sont cultivées en Agriculture Biologique depuis 2016 et depuis 2019 en Biodynamie. Laure et Pierre Fabre sont aux manettes, avec leur associé Philippe Bonnet.