Mathilde Tournier est une figure de la littérature tarnaise pour ados. Son dernier roman “Championnes” parle de foot, de harcèlement et de sororité. Crédit photo : Sébastien Pioch
Vous avez publié votre premier roman à 18 ans… Racontez- nous.
J’ai toujours aimé écrire. J’ai commencé à 16 ans, mais je ne connaissais rien au monde de l’édition. Ma mère, qui m’a beaucoup soutenue, m’a conseillé de faire lire ce premier manuscrit à la bibliothécaire de St-Juéry. Elle m’a donné le contact des Éditions Privat, à Toulouse. J’y suis allée au culot et ça a marché ! (rires) Comme quoi parfois la naïveté, ça a du bon… Cette collaboration avec des professionnels m’a fait beaucoup progresser et appris dans le travail d’écriture.
Quelle est votre technique d’écriture ?
J’ai une culture de l’image, je dessine, je fais de la photo… et cela se retrouve dans mon écriture. Je fais le film, je vis la scène dans ma tête, puis je l’écris. L’inspiration peut aller très vite, j’imagine des personnages puis je déroule le fil rouge de l’histoire que je découpe ensuite en chapitres. Il y a aussi tout un travail de documentation qui vient nourrir le scénario. Une jeune fille m’a avoué récemment ne pas aimer lire et avoir dévoré mon bouquin… C’est la plus belle des reconnaissances.
Vous avez choisi comme décor pour vos romans l’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale et la Grèce antique… Pourquoi ?
J’étais passionnée par la Seconde Guerre mondiale, grâce à mon histoire personnelle notamment, à mon grand-père qui était prisonnier de guerre. C’est en lisant les mémoires de Tomi Ungerer “A la guerre comme à la guerre”, que j’ai découvert l’histoire particulière de l’Alsace – un coup française, un coup allemande – et j’ai trouvé cet angle identitaire hyper intéressant. Ensuite j’ai passé un diplôme d’histoire pour solidifier mes connaissances et c’est là que j’ai découvert la Grèce antique… un nouveau coup de cœur qui s’est traduit dans mes autres romans.
Votre 5eme roman “Championnes”, rompt avec cette lignée de romans historiques…
C’est vrai que c’est un sujet totalement différent ! (rires) J’avais envie d’un roman qui se passe dans le cadre sportif amateur et collectif, parce que c’est un milieu que j’affectionne. J’ai joué au foot à l’ASPTT toute mon enfance. C’est un espace de tolérance, de mixité sociale forte, j’adore cette ambiance de grande famille réunie autour d’une passion et du même objectif. Et puis le sport est assez sous-représenté dans la littérature et je trouve ça dommage.
Alors Pénélope, votre héroïne, c’est un peu vous ?
Il y a un peu de mes souvenirs de collège, c’est vrai, mais ce n’est pas un roman autobiographique. Il y a globalement beaucoup d’imaginaire dans mes personnages. J’avais à cœur d’aborder la problématique du harcèlement scolaire : si je n’ai pas été harcelée moi-même, j’ai pu être témoin de harcèlement moral et/ou sexiste et c’est un sujet important qu’il faut continuer de dénoncer.
Propos recueillis par Naomi Vincent