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Flûtiste et passionné de musiques anciennes, Frédéric Naël s’est installé dans le Tarn il y a 4 ans en prenant la direction du Conservatoire départemental de musique et de danse. Un entretien passionnant autant sur ses convictions, ses passions que sur ses ambitions pour la structure qu’il dirige. Crédit photo : R Storchi

Frédéric Nael, comment êtes- vous devenu directeur du conservatoire ?

Je suis un directeur de Conservatoire un peu atypique. Je suis passionné de musique – je joue de la flûte à bec depuis mes 5 ans, mais j’ai d’abord été instituteur dans l’Essonne jusqu’en 2008. À 40 ans j’ai changé de métier avec une formation en musique ancienne approfondie. J’ai pris la direction de mon premier conservatoire dans la région parisienne. À la suite d’une l’invitation de l’Adda, j’ai découvert le conservatoire du Tarn. Il fait partie de la dizaine de conservatoires départementaux en France qui permettent d’offrir des enseignements artistiques dans des zones rurales éloignées. C’est ce qui m’a séduit et j’y ai postulé en 2020.

Le conservatoire est lieu d’apprentissage culturel, vous pourriez nous en dire plus sur sa mission ?

Le conservatoire n’a pas qu’une seule mission aujourd’hui. Le label du ministère de la culture en impose trois. La première est celle de l’enseignement artistique spécialisé, des cours de danse et de musique.

La deuxième est d’accompagner et de développer des pratiques amateurs, d’accueillir les personnes qui souhaitent se plonger ou se replonger dans la musique ou dans la danse. Nous organisons des stages avec des professionnels, des rencontres avec de grands chorégraphes. Mettre en avant toute la partie culturelle des apprentissages me tient à cœur. Ca vient de mon ancien métier. « On apprend toujours à travers le filtre d’une culture personnelle et des expériences qu’on a vécues », disait le pédagogue Philippe Meirieu. Et plus on a vécu d’expériences, plus on apprend. Ce qui permet de lutter contre les inégalités des chances au départ. La troisième mission du conservatoire est l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire. L’école est le seul endroit où l’on réunit 100 % de la population, on peut toucher tout le monde.

J’accorde, pour ma part, de l’importance à une quatrième mission : l’animation culturelle des territoires, en proposant des représentations sur la voie publique et pas seulement dans une salle avec les parents. C’est ce qui donne sens au travail qu’on fait avec les élèves et c’est un juste retour aux territoires qui nous financent. Le but est d’être visible et d’apporter de l’animation. C’est ça l’ADN du conservatoire.

 Un projet d’établissement a été voté en 2023. Quels sont les projets à venir ?

Nous souhaitons amplifier et pérenniser l’irrigation territoriale, notamment en terme qualitatif, être en connexion directe avec la vie des territoires sur lesquels on travaille, participer à des manifestations locales et festives avec les élèves. Nous allons aussi accroître la prédominance des pratiques collectives, surtout pour la musique. La musique, ça n’a de sens que lorsque l’on joue avec les autres dans une configuration spectaculaire. Nous accordons un point d’honneur à diversifier les esthétiques, s’ouvrir à un panel le plus large possible, comme les musiques contemporaines peu connues du public, les musiques actuelles… Nous allons consolider de ce qui existe déjà et restaurer des enseignements qui ont connu un fort développement avant de se perdre un peu, comme celui des musiques traditionnelles (cornemuse, violon trad,…). Un autre axe est de développer les projets en direction des publics en situation de handicap (avec l’IME de Florentin ou le Bon Sauveur…). Enfin, on en train de monter avec l’Adda une rencontre entre chœurs du département et ceux du Conservatoire.

En musique, comme en danse, l’entraînement de haut niveau peut causer des problèmes musculaires profonds. Adoptez-vous des mesures de prévention ?

Ce n’est pas encore enseigné dans le Tarn, mais c’est aussi inscrit dans le projet d’établissement. J’ai moi-même bénéficié d’un accompagnement individuel (technique Alexander) pour améliorer ma posture par exemple. Je souhaite organiser l’année prochaine une formation avec Martha Rodezno. Cette danseuse, qui s’est retrouvée en fauteuil roulant, a réussi, grâce à la technique du « mouvement sensoriel », à redanser. Il faut arrêter de se faire du mal !

Le Conservatoire a 40 ans cette année. Comment le fêtez-vous ?

Pour fêter nos 40 ans, nous avons concocté un riche programme de représentations, tout au long du mois de juin sur l’ensemble des territoires adhérents. Nous avons d’ailleurs profité de cette année anniversaire pour mettre en place un orchestre symphonique, il n’y en avait pas dans le Tarn.  Nous espérons perpétuer la production de spectacles vivants hors les murs. Les 40 ans, c’est un point de départ, une impulsion !

 

Propos recueillis par Justine Chanteau et Maria Guillon

Pour s’inscrire ou se réinscrire

Les inscriptions, c’est dès le mois de juin !

Contact par internet sur www.cmdt.fr ou téléphone : 05 63 54 51 61 pour l’antenne d’Albi.

Reprise des cours le 13 septembre 2024