Le centre d’Art Le Lait réouvre le 28 juin avec une installation de Félix Blume. « Au-delà du son » intègre un projet développé avec les sourds et malentendants du CSDA d’Albi.
Et si entendre ne se résumait pas à écouter avec nos oreilles ? Félix Blume invite à ressentir le son autrement, à travers le corps, l’imaginaire et la rencontre. Cet artiste travaille depuis 10 ans sur le son. Il dévoilera, à partir du 28 juin au Centre d’art le Lait, sept de ses projets dont un a été réalisé sur Albi avec des enfants sourds et malentendants du CSDA (centre spécialisé déficients auditifs de la Fondation Bon Sauveur). « Tout le monde a les mêmes oreilles, mais on n’entend pas tous les mêmes sons, souligne Félix Blume. Mon souhait est d’inviter le public à réfléchir et à se mettre à la place des personnes malentendantes ».
Ressentir le son par des plaques vibrantes
L’artiste a animé des ateliers avec une douzaine de jeunes de 7 à 20 ans, de mars à juin. Ensemble, ils ont expérimenté différents dispositifs : des gilets vibrants prêtés par la scène nationale, des plaques vibrantes positionner au pied ou aux mains ainsi que des instruments de musique. « Nous avons beaucoup travaillé sur la vibration car on peut écouter avec tout son corps », insiste Félix Blume. Chaque jeune a choisi un son qu’il souhaitait partager avec le public : une moto qui vrombit, un cheval qui part au trot, un chat qui ronronne et des oiseaux qui chantent. « Pour illustrer le souvenir précis de chaque enfant, nous avons été chercher un propriétaire de Harley Davidson sur Le bon coin, un cheval au centre équestre de Lavazière puis nous avons été enregistrer le chant des oiseaux de Montauban », détaille l’artiste. Autant de sons que les visiteurs vont pouvoir ressentir via des plaques de métal accrochées au mur soumises à des vibrations particulières.
Au cœur d’un essaim, aux oreilles d’un chien
Félix Blume en pleine installation. En posant la main ou la tête sur chacune des plaques vibrantes qui seront installées au mur, on pourra se mettre dans la peau de personnes sourdes ou malentendantes.
Les visiteurs pourront aussi découvrir d’autres œuvres de Félix Blume, dont une installation immersive au cœur d’un essaim, ainsi que des enregistrements mêlant voix et sons captés au Brésil, au Mexique et à Belo Horizonte. « Précédemment, j’avais travaillé avec des personnes aveugles au Chili, je me suis aperçu que chacune avait sa singularité et sa perception du monde visuel et j’ai eu envie de creuser cette singularité de l’écoute », précise Félix Blume. Il s’est ainsi intéressé au monde du vivant en approchant ses micros au sein d’un essaim d’abeille ou aux oreilles d’un chien. Il a aussi collecté les témoignages de migrants du Brésil afin de partager leurs parcours et aspirations. Une installation de 50 haut-parleurs à la hauteur de chacune des personnes rencontrées, permettront d’écouter leurs rêves.
Félix Blume, à droite, interviewé par notre stagiaire Mélina, à gauche, dans un centre d’art en plein chantier, entre deux expos.
Son parcours
Originaire du Minervois, Félix Blume suit d’abord des études de cinéma, voyage en Amérique latine et réalise des documentaires avant de s’intéresser au son. C’est en diffusant des carte postale sonores sur Arte qu’il se fait remarquer et que les premières demandes de musées lui parviennent. Il complexifie alors ses procédés en utilisant le visuel, le sculpturel… « C’est comme ça que j’ai commencé à créer mes propres projets en m’appuyant toujours sur le collaboratif et le créatif », explique l’artiste. Présenté dans de nombreux festivals et expositions à travers le monde, son travail invite à une écoute plus large, plus fine et plus humaine. « Au contraire d’un musée où on ne doit que regarder les œuvres, ici, il faut surtout toucher ! », souligne Félix Blume.
Méline Malroux
Au-delà du son : à voir du 28 juin au 9 novembre
Vernissage le vendredi 27 juin 2025 à 18h30
Exposition à voir du mercredi au dimanche 13h30 _ 18h30
Nombreux ateliers et visites découvertes proposés cet été.