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Didier Aschour, directeur du GMEA, nous dit pourquoi participer à la Semaine du Son, fin janvier. On en a profité pour l’interroger sur son parcours. Organisée depuis 2004, elle se tiendra cette année du 29 janvier au 3 février, et aura pour thème “L’Infini du Son”. L’évènement est entièrement gratuit.

Chouette : Cette année, vous êtes à la fois organisateur et artiste (guitare et électro). Quelle est votre histoire, votre lien avec la musique ?

Didier Aschour : Je joue de la musique depuis tout jeune. Malgré un parcours classique, j’ai toujours été attiré par l’improvisation, la musique expérimentale, en inventant ou en modifiant des machines ou des instruments existants. Tout cela fait partie de la création musicale ! C’est d’ailleurs ce que l’on va voir cette année encore avec la Semaine du Son où il sera beaucoup question d’intonation, c’est-à-dire de la manière dont on accorde les instruments. Cette technique change à travers l’histoire, mais aussi selon les cultures.

C : Cette intonation traduit donc l’”Infini du Son” ?

D.A : En Occident, on pense avoir trouvé la solution miracle en termes d’intonation et d’accordage. Or il existe une infinité de sons. Chaque culture a choisi sa manière d’accorder ses instruments.  Notre système occidental, en 12 demi-tons égaux, est une technique à remettre dans un contexte, notamment celui de la musique du XVIIIème siècle. Depuis le début du XXe siècle, des compositeurs et des compositrices ont imaginé des systèmes d’intonation différents avec par exemple des ¼ de tons, voire des ⅛ ! Un tas d’expérimentations ont pu voir le jour grâce à ces nouveaux artistes. Et c’est aussi l’une de nos missions de les faire connaître.

C : Qui sera mis à l’honneur cette année ?

D.A : Durant cette Semaine du Son, on a mis en avant beaucoup de musiciens nord- américains, comme Harry Partch qui est une figure emblématique de la pratique artistique de l’intonation juste. Il est parti d’une échelle de 43 tons, ce qui est une sacrée évolution !

Ces tons sont irréguliers, mais ils ont une relation entre eux, ils sont liés par l’intonation juste. Il a inventé un univers sonore qui passe notamment par la fabrication d’instruments et donne naissance à une musique originale. J’ai toujours été fasciné par ces artistes qui sont comme des extra-terrestres et inventent l’univers dans lequel ils évoluent. Ils passent et révolutionnent tous les aspects de la musique. Il a fait ça toute sa vie avec passion et indignation d’une certaine manière. Le début de la semaine du son commence par un film suivi d’une conférence sur son histoire, son héritage et ses héritiers. Parmi eux il y a James Tenney1, et Catherine Lamb qui se sont aussi beaucoup intéressés aux questions d’intonation. Dans le travail des trois, on retrouve l’importance de la perception. Hors de tout calcul intellectuel, ils cherchent ce que deux sons peuvent générer comme émotion, comme couleur. Une complémentarité entre technique et émotionnel.

C:  Un message à faire passer ? 

D.A : On a l’impression que le monde est fini mais il existe en fait une infinité de possibles dans la musique. Nous proposons deux installations d’expérience d’écoute hypersensible à vivre durant le festival, je vous invite à y aller car on arrive à des états d’écoute proches de la contemplation ou de la méditation, c’est très intéressant. La Semaine du Son est entièrement gratuite pour rendre ces recherches sur la création musicale accessibles à tous. Et je trouve qu’aujourd’hui, il y a une vraie curiosité du public pour des choses hors-normes. On sent que les gens ne veulent plus de standardisé, ils ont le goût pour ce qui échappe aux diktats commerciaux. Je vous invite à venir vivre cette expérience, ressentir cette simplicité même devant des choses complètement improbables, sans l’arrogance qu’il y a pu y avoir à une certaine époque.

Propos recueillis pas Naomi Vincent

Au programme

29 janvier à 19h – Auditorium du GMEA, 4, rue Ste Claire à Albi : Projection “The Dreamer thats remains : A portrait of Harry Partch” (1972) et conférence Avant, avec et après Harry Partch, de Thomas Nicholson. Sur inscription.

Du 30 janvier au 3 février de 17h à 20h – Auditorium du GMEA, 4, rue Ste Claire à Albi : “A l’intérieur du son” : Installation d’expériences sonores. Entrée libre.

Du 30 janvier au 3 février de 17h à 20h – Hôtel Rochegude à Albi (vernissage le 30 janvier à 18h30) : “Point/Waves” : Concert installation de Catherine Lamb, Didier Ashchour, guitare et électronique. Entrée libre.

Mercredi 31 janvier à 14h et samedi 3 février à 9h30 – Hôtel Rochegude à Albi (durée : 3h) : Ateliers monocordes avec le luthier tarnais Jérome Desigaud – Tout public (à partir de 10 ans, accompagnés). Sur inscription.

Samedi 3 février de 15h à 18h – Rotonde de la Maison St Amarand à Albi : Concert de clôture “ In a large and reverberant space” – Ensemble Dedalus joue James Tenney. Entrée libre.

Informations et réservation

05 63 54 51 75 / info@gmea.net

1 qui sera à l’honneur lors du concert de clôture le 3 février de 15h à 18h Rotonde de la Maison St Amarand à Albi

Crédit photo Christophe Chaverou