Une exposition toulousaine d’envergure, déployée sur deux lieux, retrace l’histoire de la croisade contre les Albigeois et met à plat les débats autour des mots cathares ou hérésie. Elle met à l’honneur archéologie et histoire vivante.
Quand on habite Albi, impossible de passer à côté de son histoire intimement liée à celle des « cathares ». Or la vision traditionnelle de cette période est remise en question par un nombre croissant d’historiens. L’exposition qui vient de s’ouvrir sur le sujet dans deux lieux toulousains, le musée d’archéologie Saint-Raymond et le Couvent des Jacobins, met à plat l’ensemble des connaissances sur le sujet et pose les éléments du débat. Elle est exceptionnelle à plusieurs titres. D’abord, parce que c’est la première exposition de grande ampleur sur le sujet en France, ensuite parce qu’elle est déployée pendant 9 mois sur deux lieux. Enfin « parce qu’elle réunit plus de 300 objets qui viennent illustrer le propos : des prêts de grandes institutions ou de petites municipalités, des objets archéologiques inédits ou encore du matériel de reconstitution historique de qualité scientifique (costumes, armement…), Laure Barthet, directrice du musée Saint-Raymond et commissaire d’’exposition passionnée du sujet. 96% des œuvres rassemblées proviennent de la région Occitanie ».
Musée Saint-Raymond et Couvent des Jacobins
Les deux niveaux du musée Saint-Raymond ont été investis par l’exposition, orientée sur les raisons géopolitiques des croisades, quand le débat sur l’hérésie et le procès de l’inquisition ont été exposés au cœur du Couvent des Jacobins. Deux parties indissociables proposées avec un seul billet d’entrée valable 9 mois (jusqu’au 5 janvier) pour laisser le temps de les visiter à sa guise.
Des objets archéologiques ou d’histoire vivante
De la phrase « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra le siens » resituée dans le temps, au fragment de tombeau (présumé) de Simon de Montfort, en passant par une reconstitution du Château narbonnais (ou des pièces rares comme l’acte de la création de la ville de Cordes-sur Ciel), l’exposition du musée Saint-Raymond est passionnante. Elle tord aussi le cou à certaines idées reçues, tel le poids d’un bouclier qui ne pèserait au 13ème siècle pas plus qu’un chat ! Les 10 boucliers exposés ont été reconstitués selon le principe de l’histoire vivante : une démarche d’expérimentation et de médiation visant à recréer des vêtements ou objets d’après des sources historiques et archéologiques. Ainsi les boucliers ont été fabriqués par un artisan d’art spécialisé, Dominique Humbert, à partir de fines lattes de tilleul, de lin et de cuir non tanné. Plusieurs outils numériques interactifs et jeux visent à mettre le contenu à niveau d’enfant.
« Cathare », « hérésie »… des mots à manipuler avec précaution
« L’hérésie ne va pas de soi, on le devient, souligne Laure Barthet pour la suite de la visite dans le Couvent des Jacobins. Et on ne peut pas parler de « cathares », il n’y a pas eu de grand mouvement européen ou de dogme commun. En fait, il faut arrêter de vouloir les faire rentrer dans des cases car c’est typiquement ce que l’église a tenté de faire pour mieux les combattre. Je vous conseille de parcourir cette exposition avec l’esprit et le cœur ouverts… »
Un exposition à voir jusqu’ au 5 janvier 2025
Du 5 avril 2024 au 5 janvier 2025, le Couvent des Jacobins accueille une partie de l’exposition conçue par le Musée Saint-Raymond. Cette exposition inédite présente les événements et rebondissements qui ont émaillé la croisade contre les Albigeois (1209-1229) mais aussi la question de l’hérésie dite « cathare », autour des débats qui animent actuellement la communauté des historiens.
Billet d’entrée unique permettant d’accéder une fois aux deux sites (Couvent des Jacobins & Musée Saint-Raymond) pendant toute la durée de l’exposition et dans l’ordre de son choix.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h