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Cette fois-ci, on suit Naomi, qui nous raconte sa traversée de l’Océan Atlantique entre Cap Vert et la Guadeloupe, à l’âge de 10 ans. Ce qui n’est qu’un extrait de sa jeunesse passée à voyager sur un bâteau à travers le monde ! Article à retrouver dans Chouette#9

Par quoi démarrer le récit d’une jeunesse vécue au gré des flots d’une « enfant de bâteau » ?! C’est ainsi que Naomi s’identifie … Cette nouvelle albigeoise, maman de 2 enfants, journaliste et ethnologue, nous en a mis plein les yeux : elle a vécu toute sa jeunesse sur un bâteau avec ses parents, à voyager de pays en pays. L’école ? Sur le bâteau. Les copains ? Dans les ports où ils s’arrêtaient… Sur tout ce qu’elle a vécu, ce qui l’a le plus marqué est la transatlantique, qu’elle a faite lorsqu’elle avait 10 ans. Elle nous raconte !

Un journal de bord unique

Au départ de cette aventure, la Nouvelle-Calédonie : Naomi y est arrivée à l’âge de 2 ans. C’est là que ses parents, papa skipper, maman architecte, ont acheté le voilier de 10 m qui allait les conduire pendant plus de 10 ans à travers le monde, ramenant Naomi sur la terre ferme pour reprendre ses études à l’âge de 16 ans. « Nous avons encore le bâteau, mais il est amarré à Bali, souligne Naomi. Il faut que je récupère le journal de bord d’ailleurs ! » Car oui, témoignage unique de cette aventure, ils ont tenu un journal de bord écrit chaque jour de leur séjour sur le bâteau…

Départ du Cap Vert

L’équipée démarre le tour du monde en 1992 et arrive au Cap Vert, après 6 ans de pérégrinations. C’est le point de départ de la traversée. Chargé de provisions et d’eau douce pour une vingtaine de jours, le bâteau quitte l’île de Sao Antao et met le cap sur Pointe À-Pitre.

« En mer, il n’y a pas de rythme comme sur terre, souligne Naomi. On avait chacun nos quarts, même moi : à tour de rôle, on est de surveillance la nuit : un œil sur le GPS, un autre sur l’inclinaison des voiles pour repérer un changement de vent. Et ensuite, on dort quand on est fatigué, on mange quand on a faim. » Mais pas n’importe quoi ! Evidemment, le frais est consommé en premier, et avant de ne manger que des patates (douces), il ne reste à peu près que des choux et des œufs, nous raconte-t-elle.

Elle se souvient lors d’un épisode de pétole – 5 jours bloqués en plein milieu de l’Atlantique ! – avoir rêvé d’un sandwich avec de la belle salade croquante et une tranche de tomate ! « C’était super difficile à gérer moralement ce moment, on ne pouvait pas se permettre d’utiliser le moteur sans savoir pour combien de temps on en aurait », se souvient Naomi. Comment s’occuper ainsi, seule et … confinée sur un bâteau ?! « Et oui, j’ai repensé à cette traversée au début du premier confinement ! Bien sûr, je travaillais pour l’école, avec les supports du Cned et le soutien de mes parents, je lisais beaucoup aussi, je jouais énormément aux cartes (réussites), écrivais dans le journal de bord et faisais un peu de cuisine – du pain, raconte encore Naomi.

A bord, on perd la notion du temps, on s’invente des histoires, on regarde la mer en espérant voir quelque chose… ». Et ils n’étaient pas rares les moments où elle apercevait la tête d’une tortue luth, la trace d’un serpent de mer ou des bancs de poisson. Le plus impressionnant ? Le jour où ils ont croisé un banc d’orques !! « On les a vus arriver de loin, on a eu très peur car ils peuvent devenir très agressifs si tu te mets sur leur chemin. Mais ils ont continué leur route, on est ainsi passés à travers une trentaine d’orques ! »

Naomi aujourd’hui ethnologue

Naomi est aujourd’hui ethnologue et journaliste (pour Chouette). Deux métiers en conséquence directe avec son histoire. « Ce qui m’a le plus marqué dans mes voyages, c’est la rencontre avec une multitude de cultures différentes. Je me suis rendu compte qu’il y avait « 15 000 façons de vivre », et quand on va à a la rencontre des autres, on ne peut pas les juger. L’ethnologie est une science qui ausculte sans comparer, qui déconstruit le racisme, ça devrait être inculqué dans les écoles ». Ses enfants vont à aujourd’hui à l’école de Rayssac. « Je suis contente qu’ils y soient car il y a une vraie mixité sociale, car même si on ne voyage pas, cela leur donne accès à plein d’autres cultures. »

Pour aller au Cap Vert (leur point de départ)

Environ 6h de Vol depuis Paris
TAP Portugal via Lisbonne ou Cabo Verde Airlines
Le Cap Vert est un archipel situé à 500 km de la côte sénégalaise. Pour rejoindre Sao Antao, il faut prendre le ferry à partir de Mindelo (sur São Vicente, l’île principale) vers Porto Novo (environ 1h).
Santo Antão est l’île la plus montagneuse du Cap-Vert. N’y allez pas pour les plages. Mais pour ses montagnes, panoramas spectaculaires, sentiers côtiers, villages perchés, étendues volcaniques arides, mais aussi ses forêts de pins et champs de canne à sucre…

À  ne pas manquer

Au Nord, les randonnées dans la forêt d’altitude et dans la luxuriante vallée de Paul et l’impressionnant sentier côtier menant à Ponta do Sol. A l’ouest, Tarrafal, un petit village de pêcheurs, situé dans une grande baie de sable noir.