« Dire que la parole s’est libérée n’est pas complètement juste. En réalité, les femmes ont toujours parlé, c’est juste que désormais on les écoute davantage »
Comme chaque année, le Café Plùm a organisé sa journée féministe. Le 1er mars, en amont de la Journée internationale des droits des femmes, l’association gaillacoise Paroles de femmes 81 était présente pour sensibiliser le public aux violences sexistes et sexuelles, en particulier au sein du couple. Nous y étions et avons pu interviewer sa co-présidente, Constance Nay.
Qui es-tu Constance ?
Dans la vie, je suis orthophoniste. J’ai décidé de devenir bénévole à Paroles de femmes 81 il y a six ans car je voulais comprendre ce que vivent mes sœurs et me former à l’auto-défense féministe. Après avoir été bénévole à l’accueil des femmes, je siège désormais au Conseil d’administration et m’occupe des événements destinés à faire connaître l’association.
Peux-tu nous rappeler ce que fait l’association ?
À l’heure actuelle, nous sommes six salarié.es et une vingtaine de bénévoles. Notre principale activité est d’offrir un accueil de jour à toutes les personnes qui se reconnaissent comme femmes. La plupart de celles qui se présentent vivent ou ont vécu des violences conjugales et sont également aux prises avec diverses problématiques comme l’isolement, la précarité, des violences au travail ou dans l’enfance. En plus de l’écoute et de l’accompagnement socio-psychologiques des femmes victimes, nous formons également les professionnels aux processus de violences au sein du couple. Nous intervenons ainsi dans les écoles d’éducateurs, à la Croix Rouge, au sein des maisons départementales ou encore auprès des médecins.
Que trouvent les femmes en arrivant chez vous ?
Précisions d’abord qu’elles peuvent venir avec ou sans rendez-vous. Nos locaux sont à Gaillac mais nous réalisons également plusieurs permanences par mois à Lavaur, Les Cabannes, Revel, Puylaurens, Brassac ou encore Vaour. L’idée est de leur proposer un premier accueil de jour avec une intervenante sociale ou une bénévole afin de savoir en quoi nous pouvons les accompagner au mieux. Par la suite, nous les invitons à participer à des ateliers collectifs, au sein desquels elles peuvent reprendre confiance en elles. À Paroles de femmes, nous sommes en effet convaincu.es que le collectif est très important car il génère de l’empouvoirement [traduction française du mot anglais empowerment, qui consiste à s’émanciper, reprendre le pouvoir, NDLR]. Il est possible de s’inscrire des groupes de paroles mais aussi des ateliers de création par l’écriture, d’expression artistique par la danse ou encore d’auto-défense féministe.
À part les ateliers, que proposez-vous ?
Nous disposons également d’un service parentalité uniquement dédié aux mères de familles, dont les enfants sont co-victimes des violences conjugales. Il s’agit là d’aider les femmes pour qui la parentalité est compliquée à gérer dans les processus de séparation ou même après cette dernière, car souvent les violences continuent. Nous donnons aussi des conférences destinées à informer sur le fonctionnement d’un dépôt de plainte ou les processus de garde. Enfin, nous proposons des permanences juridiques.
Quelle leçon a tu retenu de tes années à l’accueil ?
Le plus difficile, c’est de faire comprendre à l’entourage ainsi qu’aux administrations les aller-retours des femmes qui tentent de se défaire d’un conjoint violent. La police et la gendarmerie, notamment, accueillent encore très mal la paroles des femmes victimes. Même si les choses s’améliorent, il y a encore beaucoup de clichés véhiculés et d’incompréhensions, ce qui génère une violence supplémentaire.
Comment l’association prévoit-elle d’évoluer ?
Nous sommes toujours à la recherche de fonds supplémentaires pour financer des postes car cela demande un vrai travail. Par ailleurs, l’association est de plus en plus connue et on a donc de plus en plus de femmes qui viennent nous voir.
Est-ce aussi parce que la parole s’est libérée ?
Je ne trouve pas que cette expression juste. Les femmes ont toujours parlé, c’est juste que désormais on les écoute davantage.
Propos recueillis par Lou-Eve Popper
Les rendez-vous militants et féministes à Albi, Gaillac, Carmaux…
A l’occasion de la Journée International des droits des femmes, le 8 mars, plusieurs évènements à noter
Vendredi 7 mars
19h30 : le ciné débat autour du film “Les suffragettes” de Sarah Gavron retrace le combat mené pour l’obtention du droit de vote des femmes au début du siècle dernier en Angleterre.
Lieu : 2ème étage de la CaSa ( 32 ter av. Bouloc Torcatis à Carmaux). Gratuit.
Samedi 8 mars
10h : rendez-vous place du Vigan à 10h pour une manifestation féministe
20h30 : soirée “DJ Meufs !” au Stockage à Cordes sur Ciel…
20h45 : stand up poétique “Les méditations abrasives” du duo DesTop au Scénophage à Gaillac.
Dimanche 9 mars
15h30 : Paroles de femmes propose « Et si on refaisait l’histoire ? », un spectacle interactif gratuit à destination du jeune public pour déconstruire les stéréotypes de genre. Rendez-vous à la MJC de Gaillac.
Pour contacter Paroles de femmes
Cette année, l’asso aura vingt ans. Un événement sera organisé le 14 juin pour fêter ça. Programme en cours d’élaboration. Restez branchés !