Le musée départemental du Textile de Labastide-Rouairoux donne à voir l’industrialisation de la fabrication du tissu de laine cardée dans les années 1860-1990. Une visite passionnante !
C’est un musée devant lequel on passe inévitablement quand on s’apprête à traverser la montagne noire pour rallier l’Hérault et la mer Méditerranée. La ville de Labastide-Rouairoux est un peu grise, un peu tristoune, mais elle renferme un trésor de patrimoine : l’une des dernières usines qui a permis à la zone de connaître son âge d’or. Reconnues pour la qualité et la durabilité de leurs produits et leur capacité d’innovation, celles-ci ont employé plusieurs milliers de tarnais et notamment fourni des grandes marques de luxe (Dior, Chanel, Givenchy…). L’établissement Armengaud était l’un d’eux, il est devenu musée associatif en 1983 puis départemental en 2001. Sa spécificité ? Ses machines dont certaines du XIXème siècle fonctionnent encore ! Au-delà des démonstrations, elles fabriquent encore des tissus qui sont mis en vente dans la boutique du musée. Marion nous fait la visite…
Laine cardée et fil fantaisie
« Cette usine était reconnue pour son savoir-faire, notamment le drap de laine cardée et les fils fantaisie », entame Marion, la guide qui nous accueille au musée. Laine cardée ?C’est une laine plus drue et plus rustique que la laine peignée, dans laquelle on n’a pas éliminé les fibres courtes ou les petits restes de végétaux accrochés à la toison.
Avant d’aller voir la série de machines, on peut glisser ses mains dans différentes sortes de fibres, animales ou végétales, naturelles ou synthétiques. Intéressant de sentir la différence entre laine, soie, coton ou viscose… La première machine que l’on voit est une effilocheuse, qui permet de récupérer les fibres d’un tissu. A l’époque (et avant que nous nous mettions au recyclage des vêtements), rien ne se perd. La « laine renaissance » obtenue sert à fabriquer du feutre industriel, de l’isolant pour le BTP ou du tapis de déménageur. Nous passons ensuite dans le laboratoire disposant d’un bel échantillonnage des couleurs disponibles et d’un autoclave permettant de teinter dans la masse : ainsi les bobines peuvent être colorées déjà enroulées de façon homogène.
Dans la carde, on voit la laine brute être peignée et les fibres se paralléliser, avant qu’une torsion crée le fil. « C’est une machine de 1910 et elle marche encore », souligne fièrement Marion. On obtient alors un boudin de carde qu’il faut encore préparer en bobines puis pelotes. Dans la deuxième partie du musée, on voit les métiers à tisser, un savoir-faire très exigeant et fatigant, puis la salle des apprêts avec le foulon, la laineuse et la velouteuse. Un univers mécanique ingénieux qui s’est éteint, mais pas totalement… Grâce à ce musée et à la passion des médiatrices.
Des couleurs naturelles (pastel, garance, réséda) aux pigments synthétiques
Avec quoi sont colorées les bobines ? Au départ, avec des pigments naturels… du pastel pour le bleu, de la racine de garance pour le rouge, du réséda pour le jaune. Avant que n’arrivent les colorants synthétiques… et la pollution des deux cours d’eau adjacents : le Thoré et l’Arn. A peine la station d’épuration n’est-elle construite que l’entreprise dépose le bilan. C’était en 1968. La dernière filature a fermé ses portes en 2023 (Sartiss), et il ne reste dans le coin qu’une usine d’apprêt et 2-3 façonniers…
Nuit européenne des Musées, le 17 mai
Au programme :
Visites accompagnées d’anciens ouvriers, de 18h à 20h (gratuit)
avec des horaires d’ouverture prolongés pour l’occasion !
De nombreux rendez-vous en mai/juin et cet été
De nombreux rendez-vous culturels sont proposés cet été, dans le cadre de la thématique « à l’eau ». Tout le programme à consulter ici.
Pour la visite guidée du musée du textile, notez bien les horaires : 14h15, 15h30 et 16h45.
Visites guidées supplémentaires à 10h30 du 1er juillet au 31 août.
Tél. : 05 63 98 08 60